vendredi 23 janvier 2009

Le rachat d'Interowen par Autonomy illustre une révolution dans le marché de l'Enterprise Search

On reproche souvent beaucoup de choses à Autonomy mais il faut reconnaître à Autonomy son ambition et son appétit. J’ai du respect pour cela. Félicitations pour une telle operation en des temps où la majorité regarde les marchés s’effondrer ou coupe des centaines ou des milliers de postes... Autonomy est courageux, ou peut être leur faut-il impérativement suivre ce chemin? J’ai toujours perçu une grande similarité entre la dynamique d’Autonomy et celle d’Oracle, trouvant donc naturellement le commentaire d’Alan Pelz-Sharpe (Analyste chez CMS) sur le sujet très pertinent (en anglais)
http://www.cmswatch.com/Trends/1481-Autonomy-acquires-Interwoven---A-first-take

Quand Alan compare Autonomy à Oracle, il est au cœur d’un sujet important. Oracle a démarré comme une “enabling” technologie et a ensuite choisi (ou a du choisir pour des questions de taille ou de culture) de changer sa proposition de valeur devenant un vendeur d’applications. Une base de données, comme un moteur de recherche est une « enabling » technologie, rendant les autres choses et applications possibles.

Mais Oracle a choisi de devenir avant tout un vendeur d’applications. Etait-ce par peur de la base de données de Microsoft ou de l’émergence de l’open source, ou par envie des profits de SAP et de la fidélité de leurs clients? En d’autres termes, Oracle manquait-il d’excellence technologique ou de foi dans sa capacité à rester la meilleure technologie, ou a-il vu un autre marché se développer qui était plus gros et plus rentable ? La réponse à ces questions n’est pas importante à mes yeux; Il importe en revanche qu’Oracle ait suivi cette évolution, laissant des entreprises comme Business Object prendre le marché de la Business Intelligenge (ironiquement, pour devenir plus tard une filiale de SAP). En revanche, la valeur finit toujours sur l’ordinateur (ou l’i-phone ou le blackberry) de l’utilisateur, et l’application était le chemin entre la base de données et l’utilisateur.

Il y a selon moi un parallèle important entre les évolutions d’Autonomy et d’Oracle. Autonomy se détourne du search et va vers des applications verticalisées basées sur le search. Personne n'aura le mauvais esprit de demander si cela pourrait être parce que leur produit ou leur technologie ne sont pas assez compétitifs en tant que tels, on peut dire que c’est parce qu’Autonomy voit de plus importantes marges ailleurs. Autonomy est une enterprise très bien gérée prenant de bonnes décisions financières. Autonomy va pourtant passer à côté d’un marché important car dans le cas du search, le chemin vers l’utilisateur se trouve être le… search lui même: le Search est une technologie qui se trouve également être l’application ultime...

La majorité des compétiteurs de Sinequa, comme Exalead par exemple, annoncent que l’Enterprise Search va devenir une commodité, un marché pour Google, Microsoft ou l’Open source, et tout comme le leader Autonomy, ils se concentrent sur des applications verticalisées, du Search type Business Intelligence, des solutions de Governance Risk Compliance,... un océan bleu où l’argent est plus abondant pour ceux capables de résoudre des problèmes spécifiques de gestion ou d’accès à l’information semi ou non structurée.

C’est une formidable nouvelle pour les éditeurs tels que Sinequa, parce que cette fois, le gros marché se trouve être le marché de l’ « enabling » technologie: le marché de l’Enterprise Search lui-même. Cela est ainsi parce que la valeur de la collaboration, du partage de l’information, de la fourniture d'un meilleur accès à la connaissance, se trouve être une véritable mine d’or pour les entreprises. Et c’est un besoin qui est servi à 100% par l’enterprise search. Un besoin très difficile à servir, tout comme, une dizaine d’années en arrière, il n’était pas trivial de proposer un moteur de recherche sur Internet exhaustif et suffisamment pertinent. Mais nous n’apprenons jamais...

La crise économique va probablement ralentir les acteurs d’infrastructure dans leur capacité à améliorer leur offre d’enterprise search, et mon pari est qu’ils auront de toute façon beaucoup de mal à connecter leur search avec le monde extérieur. La crise économique va accélérer la verticalisation d’Autonomy et d’autres éditeurs. Pendant ce temps la, les entreprises doivent faire plus avec moins de moyens, elles veulent développer la productivité et l’intelligence collective. Seule une solution d’enterprise search peut résoudre ces enjeux.

Cela a tout l’air d’une opportunité pour les éditeurs comme Sinequa. Ce n'est pas un rêve, les rêves sont pour les projets plus ambitieux tels que celui que le President Obama a réalisé pour nombre d’entre nous en novembre dernier. Mais il s’agit d’une ambition que je partage avec la majorité de mes collègues à Sinequa et en particulier avec Alexandre Bilger qui co-dirige l’entreprise avec moi. Et vous verrez, Yes we can !

ps : Post original en anglais

3 commentaires:

  1. Faut-il opposer la stratégie qui consiste à améliorer le Search à celle de la verticalisation ? Je crois que les dirigeants d'Autonomy ont l'ambition de mener les deux de front. En tous cas, Sinequa possède une vision à long terme, qui n'est pas dictée par des opportunitée financières. Bravo pour ça.

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  2. Je suis d'accord avec toi Laurent, ils ont l'ambition de mener les deux de front. Mais ma conviction profonde est qu'en la matière la formule lancée par André Gide "Choisir c'est renoncer" s'applique parfaitement. Merci pour ton encouragement en tous cas et bravo pour votre blog. Jean

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  3. Excellente analyse, pleine de finesse stratégique. On comprend bien les deux voies qui s'offrent à cette industrie et les raisons qui justifient l'option retenue par Sinequa qui parait à la fois pertinente et prometteuse.
    Les entreprises n'ont pas encore compris qu'un moteur de recherche, adapté à leurs besoins, n'est pas un coût, mais une opportunité. C'est une source considérable de productivité, à condition d'y associer les actions de formation nécessaires.
    En tout cas on ne peut que féliciter le jeune chef d'entreprise qu'est Jean Ferré de prendre la peine d'expliquer sa stratégie. Quand, dans l'entreprise, on s'intéresse à la gestion de l'information, c'est extrêmement précieux. Merci à Jean Ferré et surtout continuez à nous alimenter en réflexions aussi utiles!

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