vendredi 12 novembre 2010

L'économie numérique comme modèle de l'économie tout court

Très heureux de figurer parmi les 100 personnalités françaises du numérique selon 01 Informatique. J'y retrouve plusieurs amis du Conseil d'Administration de l'AFDEL à commencer par son Président Patrick Bertrand, mais aussi l'excellent Antoine Gourevitch, Vice Président au BCG (à lire très bientôt un livre qu'il va publier sur le lien entre informatique et stratégie d'entreprise), le Président d'X-Ange et de l'AFIC, Hervé Schricke, également actionnaire financier de Sinequa, et enfin mon camarade et brillant coopétiteur François Bourdoncle, fondateur et stratège d'Exalead.

Précurseur oui, mais avec le concours d'un associé
Ayant commencé à m'intéresser très tôt au lien entre accès à l'information et efficacité collective et individuelle, j'assume totalement le qualificatif de "précurseur". Mais les concepts en matière d'informatique ne valent que s'ils sont correctement exécutés, en bonne connaissance des enjeux technologiques sous jacents. Il faut anticiper d'où viendra la différenciation. Un grand bravo à mon associé Alexandre Bilger pour avoir su penser et construire une solution logicielle visionnaire et démarquée de la concurrence, qui plus est répondant aux besoins des clients.

Il a fallu naviguer sur l'avant et faire en sorte que les bonnes personnes montent à bord du navire, collaborateurs, partenaires et clients. Mais il a fallu aussi trouver le bon cap et Alexandre Bilger fut d'une grande clairvoyance sur de nombreux choix technologiques évidents aujourd'hui, mais difficiles à anticiper il y a quelques années (pour les connaisseurs et c'est certainement réducteur car je ne vais pas dévoiler la "secret sauce": développer nos propres connecteurs, passer rapidement en 64bits, intégrer la sécurité au coeur de l'index en early biding, etc....). Mon intuition de ce que demandait le marché a rencontré des solutions concrètes.

J'ai eu l'honneur et le plaisir de servir dans la Marine, et j'aime le célèbre "il n'y a pas de vents favorables pour ceux qui ne savent pas où aller" de Séneque. Dans le développement d'une innovation industrielle, savoir où aller ne suffit pas, il faut aussi comprendre les enjeux technologiques. Difficile d'ailleurs de comprendre où l'on va si on ne comprend pas intimement ce qu'on fait. Un grand merci à Alexandre Bilger d'avoir su faire les bons choix produits depuis cinq ans.

Réflexion sur l'importance de la connaissance scientifique
Avant Alexandre Bilger et moi-même, Pascal Pellegrini et Philippe Laval ont jeté les bases du coeur de technologie de Sinequa: la partie linguistique. Pendant près de vingt ans, un peu de capital risque et beaucoup de financement par la recherche ont permis à notre "fond de sauce" technologique de s'écrire et de se sédimenter. Sans l'aide du système français de recherche, sans les thèses en CIFRE que Cora devenu Sinequa a hébergé, Sinequa serait incomplet.

Mais comme dirait Charles Aznavour, "je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre", la recherche en ce temps là avait plus de temps pour le passage de l'innovation théorique au concept à visée industrielle. Ce temps est révolu, la recherche et l'entreprise doivent aujourd'hui avancer main dans la main, en synergie et en couplage serré.

On n'imagine pas Google par exemple se passer de la vision et de la connaissance de ses fondateurs. La France compte de nombreux chercheurs de qualité. Leur intelligence et leur connaissance doivent éclairer de l'intérieur celles et ceux qui pilotent nos entreprises dans un monde où l'innovation s'accélère, et où la compétition est mondiale.

Pour que l'entreprise soit avisée et navigue comme il faut, je ne recommande pas de transformer les scientifiques en dirigeant, on a vu les limites d'une politique industrielle pilotée par des ingénieurs (encore qu'un ingénieur a été scientifique, mais ne le reste pas toujours et c'est plus qu'un détail). Mais il faut absolument que la recherche éclaire en permanence les dirigeants d'entreprise. Et plus elle rayonnera et plus clair on verra. De moins en moins de secteurs industriels échappent à cette exigence.

J'en profite pour rendre hommage à l'action menée par la Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse. En parallèle des dispositifs de pôles de compétitivité, dans un contexte budgétaire difficile, Valérie Pécresse a contribué à rétablir l'importance de cette recherche dont nous avons tant besoin, dans toutes les matières, des sciences dures aux sciences sociales. Elle a favorisé un rapprochement public-privé sans pour autant dénaturer l'exigence scientifique.

Plus qu'un enjeu d'enseignement supérieur, c'est un enjeu de compétitivité et de société. Alors je dis bravo.