vendredi 31 juillet 2009

If Bing + Yahoo = Microhoo THEN Google ~ Microsoft and THEN Facebook + Twitter = $$$

Bing + Yahoo fait clairement de Microsoft un concurrent redoutable de Google sur Internet.    

Comme le souligne Don Reisinger dans « 10 Reasons Why Microhoo Is Good for Enterprise Search », tous les ingrédients sont désormais réunis pour une compétition équilibrée entre Microsoft et Google : 1/ une taille critique de part de marché (Microsoft + Yahoo représentent près du tiers du marché), 2/ un savoir faire technologique (j'espère au passage pour nos chers camarades de Sinequa qui sont partis chez Yahoo il y a quelques années ne feront pas parti des restructurations prévues), 3/ les moyens financiers, 4/ l'envie stratégique.

Cette guerre enfin à armes égales (qui va devoir attendre l'aval du régulateur soit une petite année) aura clairement un effet positif pour l'utilisateur de moteur de recherche sur Internet. Elle devrait en effet forcer les deux concurrents à redoubler d'innovations et de bénéfices utilisateurs pour fidéliser leurs clients et augmenter leur part de marché. On va peut-être moins chercher à rentabiliser chaque utilisateur, de peur de le perdre à la concurrence.

Ce sera pour Google l'occasion d'un retour aux sources, comme à l'époque du « No Evil » où la firme californienne pensait un peu plus à son produit et un peu moins à ses résultats financiers. Don Reisinger pense que cela évitera à Google de devenir un Microsoft. A ce sujet, je ne vois pas de problème à devenir un Microsoft, ce serait même plutôt un compliment, mais c'est un point de vue personnel.

Il n'en demeure pas moins qu'on peut penser le sujet autrement. En effet, Google et Microsoft sont deux géants engagés dans un bras de fer titanesque, une course à la puissance et à la richesse fonctionnelle. C'est à qui sera le meilleur moteur de recherche sur Internet. Mais il est intéressant de constater qu'au même moment, certains (excellent article de Wired à ce sujet sur le plan de Facebook pour dominer Internet au détriment de Google) voient un basculement complet du paradigme du search sur Internet avec l'apparition des réseaux sociaux et du social search. En effet, si on se place du point de vue technologique, si on reste dans la logique ingénieur des pionners, on peut faire un travail remarquable technologiquement et industriellement mais en risquant d'oublier une petite chose : le client, l'utilisateur.

Finalement, ce dont l'utilisateur a besoin est de réponses à ses questions, il se fiche de savoir si ça vient du meilleur moteur de recherche; Et bien souvent je préfère une information qui me vient d'un tiers de confiance : Un copain de facebook ou de linkedin, un media que j'aime, le twit d'une personne connue. Vaut-il mieux chercher une pizzeria sur les pages jaunes (hé oui, ils existent encore…) ou sur Google Maps, puis lire une dizaines de revues d'inconnus, ou vaut-il mieux trouver un post, un twit ou autre d'une connaissance qui recommande la Pizzetta justement à deux pas de là où vous êtes, parce que Manu le serveur est très sympa et que les pizzas à la pate intégrale sont bio et que la Buffalo est super bonne que tu te croirais au cœur des Pouilles… Personnellement je préfère la deuxième approche dès lors qu'elle est possible. Intéressant de constater que Twitter vient justement cette semaine de mettre en avant une fonction de recherche interne.

Et le modèle économique me direz-vous ? Je ne m'inquiète pas, des années d'entrepreneuriat m'ont appris une chose : des utilisateurs satisfaits ça vaut quelque chose, tout comme on ne peut indéfiniment faire passer son compte d'exploitation devant ses clients ; tout se paye, un jour ou l'autre. Je crois donc que les deux géants se différencieront tout autant par leurs qualités intrinsèques que par leur capacité à trouver la façon de collaborer avec les réseaux sociaux suscités, en particulier Facebook, Twitter, et pourquoi pas Linkedin. De ce point de vue là, Google a un petit désavantage à mon avis, c'est cette attitude de « faux cool ». Cette façon légèrement condescendante de regarder les autres, un peu comme un enfant prodige qui n'accepterait pas de vieillir et de voir d'autres talents plus jeunes émerger. Si Facebook a refusé leur offre de prise de participation au profit de Microsoft, ce n'est peut-être qu'à cause de cette immodestie. Mais Google est une entreprise merveilleuse faite de gens très intelligents et dirigée par des personnes animées d'une ambition humaniste, ils vont surement vite se corriger et cela les aidera certainement à mieux gérer leurs partenariats stratégiques.

J'avais envie d'écrire sur ce sujet parce qu'il recèle plein de parallèles avec ce que nous vivons dans le marché du moteur de recherche d'entreprise. Ceux qui connaissent Sinequa savent qu'un des axes fort de notre produit est la recherche de personne et l'intégration dans les outils de réseau social d'entreprise (cf. mon post Chercher Quoi ou chercher Qui). En nous appuyant sur du text-mining, nous essayons notamment de valoriser le réseau social d'entreprise en lui associant les données issues des bases documentaires et réciproquement. A Sinequa, nous devons simultanément travailler d'arrache pied sur des problèmes technologiques difficiles et parfois d'infrastructure (la gestion des très grands volumes, la rapidité, la pertinence linguistique, le text-mining, la sécurité, le temps réel, l'intégration au sein d'applications hétérogènes,…) et en même temps nous sommes jugé in fine sur une chose toute simple : le sourire du client. Apple est un bon exemple de gestion réussie de cette injonction paradoxale, l'iphone est une prouesse technologique avec pourtant parfois des choix que d'autres n'auraient pas fait (pas de 3G ou pas de video pendant très longtemps par exemple). Sans excellence technologique : pas d'iphone, mais sans volonté radicale de satisfaire le client au détriment de la technologie : pas d'iphone.

Je ne peux pas détailler les choix et la stratégie de Sinequa ici, mais ceux qui me connaissent savent en tous cas la valeur que j'attribue au sourire de nos clients.